Maurice Mistre
Des aéroplanes dans le ciel lorrain en août 1914.
lundi 2 novembre 2009
Un article de Maurice Mistre qui publie aussi sur le blog des Midi au sujet des premiers vol de reconnaissance des aéroplanes dans le ciel lorrain à la mi-août 1914.
Vol de reconnaissance au dessus des troupes [1] françaises et allemandes entre le 7 et le 19 août 1914
Dès le 7 août 1914, des aéroplanes français (4 puis 2 le lendemain) furètent au dessus de la Lorraine annexée du coté de Donnelay [2]. Les Allemands leur tirent dessus sans les atteindre.
8 août. Plusieurs alertes désignent la présence d’aéros. Sont-ce des aéroplanes allemands ou français ? On ne sait pas encore les distinguer et, par prudence, personne ne leur tire dessus ! Deux français qui ont survolé la frontière rapportent des détails très intéressants. Le soir, un dirigeable est signalé. Un majestueux « Zeppelin » qui, profitant de la nuit, avance lentement au-dessus de territoire français. Personne ne tire sur le ballon, mais ordre est donné d’éteindre tous les feux.
Les 9 et 10 août, les Allemands observent encore des avions français (3 puis 7)
11 août. Combat de Lagarde. Déjà au-dessus de Varangéville, à 6 h 30 du matin, des aéros sont aperçus. Du coté de Lagarde, dès le lever du jour, les fantassins du 58e RI ont la surprise de se voir survoler par un avion allemand. Celui-ci fait quelques tours au-dessus, puis repart en direction de ses lignes. Une demi-heure après le passage du « Taube » un coup de canon ébranle l’air. L’emplacement de l’artillerie du 19e RA a été soigneusement repéré par l’avion qui les a survolés…
Les 12 et 13 août, des aéros sont vus toute la journée de part et d’autre de la frontière. Des aéroplanes allemands viennent épier et repérer les positions françaises. Il en est de même de l’autre coté, 2 aéroplanes ont été visés.
14 août. Combat de Moncourt. Les aéroplanes français voltigent au-dessus de leurs troupes, mais ils n’ont pas trop l’air d’avoir un but précis.
15 août. Un monoplan allemand passe au-dessus de Coincourt. De tout le village, des coups de fusil crépitent, une compagnie d’infanterie cachée dans les blés lui envoie une volée de mitraille, mais sans l’atteindre. Néanmoins il fait demi-tour.
16 août. Combat aérien : un aéro allemand survole Coincourt, mais à peine est-il là, qu’un aéro français arrive en sens inverse et fonce droit sur lui, il ne doit son salut qu’à une feinte habile consistant en une descente rapide.
17 août. Rien à signaler !
18 août. Plusieurs aéroplanes allemands du type Albatros survolent les positions françaises, afin de repérer les batteries.
19 août. Début de la bataille de Dieuze. Toute la journée, à intervalles presque réguliers, un aéroplane allemand marqué d’une croix noire survole la plaine de Dieuze. Il repère les positions nouvelles prises par les troupes, par les batteries d’artillerie, et il lance au-dessus des unes et des autres des fusées qui laissent dans l’air de longues traînées blanches ou rouges. La réponse ne se fait pas attendre : le tir est bien dirigé. Un peu plus tard l’abominable oiseau reparaît. Il peut constater les résultats du tir, les modifications survenues. C’est rageant, d’autant plus, qu’aucun appareil français n’est là pour empêcher ses investigations. 17 h 30 l’aéroplane allemand lance une fusée blanche. La sale bête ! alors que le 15e corps est tout entier déployé dans la plaine nue.
Visiblement, la reconnaissance aérienne était présente mais il ne suffisait pas d’être « en l’air », encore fallait-il analyser et utiliser à bon escient ses observations (lire l’article sur les renseignements).
Maurice Mistre
Auteur de La légende noire du 15e corps. L’honneur volé des Provençaux par le feu et l’insulte.
Notes
[1] D’après des carnets de fantassins et artilleurs, français et allemands.
[2] Ce pourrait être l’escadrille n°8 stationnée sur le plateau de Villers les Nancy et équipée de biplans Maurice Farman VII ?