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Maurice Mistre

La Légende noire du 15e corps

L’honneur volé des Provençaux par le feu et l’insulte

jeudi 9 avril 2015

2e édition. Collection « Un territoire et des hommes ». La collection est publiée en 2009 avec le soutien de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Postface de Jean-Marie Guillon.

240 pages, 165 x 230 mm, illustrations en noir et blanc, 2008.

ISBN 9782952756471, 20 €.

Dossier de presse


Maurice Mistre analyse à l’aide de documents, souvent inédits, le déroulement jour après jour de la tragique campagne militaire qui décima le 15e corps d’armée au mois d’août 1914 et de « l’affaire » qui s’en suivit. Après avoir subit de très lourdes pertes (plus de 4 000 soldats sont tués entre le 10 et le 20 août) les Provençaux sont accusés (dans un article, commandité par le ministre de la guerre pour dédouaner le commandement militaire, paru le 24 août dans Le Matin) d’avoir « lâché prise devant l’ennemi ».


L’affaire du 15e corps

À partir du 14 août 1914, l’armée française lance une offensive en Lorraine, prend notamment Moncourt, Château-Salins, Dieuze. Son avancée coûteuse est contrôlée par les Allemands qui attirent les pantalons rouges dans une nasse. Le 19 août, l’artillerie lourde allemande écrase sous un déluge de feu Bidestroff, Dieuze…, fauchant des milliers de fantassins. La très forte contre-attaque allemande qui s’ensuit entraîne la retraite des troupes françaises.

Pour expliquer ce recul, le sénateur Auguste Gervais écrit le 24 août dans Le Matin qu’« un incident déplorable s’est produit. Une division du 15e corps, composée des contingents d’Antibes, de Toulon, de Marseille et d’Aix, a lâché pied devant l’ennemi. » Cette « défaillance d’une partie du 15e corps a entraîné la retraite sur toute la ligne. Surprises sans doute par les effets terrifiants de la bataille, les troupes de l’aimable Provence ont été prises d’un subit affolement. L’aveu public de leur impardonnable faiblesse s’ajoutera à la rigueur des châtiments militaires. Les soldats du Midi, qui ont tant de qualités guerrières, tiendront à honneur d’effacer, et cela dès demain, l’affront qui vient d’être fait par certains des leurs à la valeur française. »

Cette stigmatisation du corps d’armée de « l’aimable Provence » dédouanait l’état-major de ses responsabilités en lui trouvant un bouc émissaire, mais surtout injuriait les Provençaux en tant que tels. Malgré les protestations des élus provençaux dès la parution de l’article, les mises au point et les réhabilitations qui s’en sont suivies, l’« affaire du 15e corps » continue de marquer l’histoire provençale.

Maurice Mistre, enseignant, interroge au plus près les archives des événements, dont il décrit avec passion les tenants et aboutissants. Il met en valeur le rôle de chacun des responsables militaires (Joffre, Messimy, Clemenceau, Castelnau…) dans la construction de cette « légende noire » et donne la parole aux soldats du 15e corps grâce à de nombreuses sources inédites.


La Légende noire du 15e corps

Sommaire du dossier de presse

Sur le site Provence 14-18 vous trouverez de nombreux documents et analyses de Claude Chanteloube, Maurice Mistre, etc. sur l’engagement des Provençaux pendant la Grande Guerre...

Note de lecture de Marcel F.-X. Emmanuelli, Provence historique, n° 241, juillet-septembre 2010..

Article de Jean Banner La Marseillaise du 16 novembre 2009, sur une conférence de Maurice Mistre donnée aux Mées (04) le 10 novembre à l’invitation de la librairie L’Arbousier et de l’association Liber-thé.

Billet « librairie » dans la revue Lou Félibrige de novembre-décembre 2009.

Recension de l’ouvrage par André Bach sur le site du CRID 1914/1918 (collectif de recherche international et de débat sur la guerre de 1914-1918), juin 2009.

Sur le blog « Pensons par nous mêmes » un billet du 11 novembre 2008.

Article de Tristan Jauréguy La Provence du 12 novembre 2006, sur une conférence de Maurice Mistre donnée à L’Isle-sur-la-Sorgue (84).

Article du Vaucluse Matin du 12 novembre 2006, sur la même conférence donnée à L’Isle-sur-la-Sorgue (84)

Article de Jean-Claude Schambacher Nice-matin du 26 mai 2006 sur une conférence de Maurice Mistre donnée à Beaulieu-sur-Mer (06).

Article de Denis Perrin La Marseillaise du 11 novembre 2005, sur la première version de l’ouvrage de Maurice Mistre, Des Républicains diffamés pour l’exemple.

Article du Républicain lorrain du 15 septembre 2005 sur une conférence de Maurice Mistre à Dieuze (57).

Retour au début de l’article


Provence 14-18.org

Sur le site très complet Provence 14-18.org vous pourrez lire de nombreux articles... Signalons ici celui de Claude Chanteloube sur « l’affaire de Lagarde » ou encore une analyse de Maurice Mistre : « La défaite de Lorraine et ses responsables fluctuants et contingents »...


Note de lecture

Maurice Mistre, La légende noire du 15e corps. L’honneur volé des Provençaux par le feu et l’insulte. Forcalquier, C’est-à-dire éditions, 2009, 240 p.

Août 1914. Des éléments du 15e corps de la Deuxième armée (général de Castelnau) sont engagés en Lorraine. Ils sont mal équipés, mal nourris, fatigués, non préparés à recevoir le feu de la guerre nouvelle, et les chaînes de commandement et de renseignement fonctionnent mal, alors que le terrain est difficile. En face, une armée allemande alors supérieure dans tous les domaines et bien retranchée. Après de très durs et coûteux combats le 15e corps doit décrocher dans une certaine confusion et est ramené à l’arrière. Épisode banal, que Le Matin, quotidien bien diffusé, monte en épingle dans des termes que le possible respect de certaines « règles » du discours (en particulier, refus de la répétition) rend étrangement maladroits, déclenchant une polémique qui sera longue à s’éteindre mais qui tiendra peu de place dans l’ensemble des écrits qui, dans les années 1920, vont mettre en cause le haut commandement. Les publications de Jules Belleudy (1916, 1921) paraissaient avoir éclairci l’affaire. Elle a été pourtant reprise par deux fois en 2000. Entre temps Ralph Schor en a fait dans la Provence contemporaine des éditions Ouest-France (1994) une présentation globale ignorée par l’auteur.

Neuf ans après, cet « enseignant » (?) rouvre le dossier avec un titre passablement étrange (« l’honneur… volé » par le feu » ??) et en adoptant un ton surprenant par son acidité voire son caractère offensant vis-à-vis de ceux qui lui déplaisent.

La réflexion de M. Mistre se développe apparemment suivant deux axes : dégager le sens caché d’une accusation implicite de lâcheté par absence de patriotisme suggérée ; dégager le 15e corps de toute responsabilité dans l’échec de l’offensive française.

Revoyons les faits. L’affaire couvre cinq jours (21-24 août), une cinquantaine d’heures si l’on va de la première déclaration du général Joffre à la publication de l’article signé A. Gervais. Cette question du temps a son importance. Quelles étaient alors les possibilités de contrôler les informations en provenance du front ? Le 21, Joffre annonce l’échec de l’offensive et le repli ordonné du 15e corps, qui « n’a pas tenu le feu » et « a été cause de l’échec » ; le 22 il souligne la violence de la contre-attaque allemande et que « tout le monde a fait son devoir ». Deux communiqués viennent du ministère de la guerre les 21 et 22 : ils ne cèlent pas la réalité, et relativisent l’échec avec raison : il n’y a pas eu d’enfoncement des lignes françaises. Pourtant, l’article paru le 23 ignore le second message de Joffre.

Page 144, M. Mistre avance que Joffre, en renvoyant au ministre la décision d’annoncer l’échec de Lorraine, a cherché à se protéger « en faisant croire qu’un corps d’armée, fût-il provençal, puisse compromettre sa stratégie ». C’est un élément de la thèse du complot destiné à couvrir le commandement qui va parcourir l’ouvrage. Où Joffre a-t-il mis en cause les Provençaux ou des unités précises du corps d’armée ? Peut-on ignorer que seul le gouvernement peut avoir une vision globale et totale de la guerre, qui n’est pas faite que de combats, et que c’est à lui de prendre les décisions d’accompagnement des combats ? Le 22 août le plan « XVII » de Joffre est bloqué : la Belgique a été envahie et les Allemands ont franchi la Meuse, ce qui a mis les trois autres armées disponibles dans l’impossibilité d’appuyer les première et deuxième armées engagées vers les Vosges (les troisième et quatrième armées lancées dans de vaines et épuisantes attaques le 20 se retireront le 23). Face à une telle situation la position de Joffre était logique. Mais cette série d’échecs pouvait inquiéter des personnes qui, à Paris, avaient une vue d’ensemble quoique partielle des événements.

L’article du Matin paru le 23 a-t-il pour auteur le journaliste-sénateur Gervais ou le ministre de la Guerre Messimy (p. 151-152) ? « Peu importe », tranche l’auteur qui en une douzaine de lignes expédie les deux hommes dans les poubelles de l’Histoire là où l’on pouvait s’attendre à une analyse serrée des deux protagonistes dont les mobiles restent inconnus, on le verra. Peut-on les chercher dans un second article du même jour, dont l’auteur n’est pas identifié, qui dénonce l’influence de l’antimilitarisme du Midi ? Il n’en est question que p. 167.

Que dit l’article ? Qu’un incident (les nuances des communiqués du ministère seraient-elles prises en compte ?) déplorable met en cause le 15e corps et plus précisément certaines de ses unités désignées par leurs centres de recrutement ; suivent des considérations sur les soldats provençaux et méridionaux. Plusieurs questions viennent à l’esprit. Quel était le projet de Messimy/Gervais ? Protéger des chefs que le ministre avait fait nommer et donc le ministre ? Gêner Clemenceau, représentant du Var, alors que l’on était à la veille de la conclusion de « l’union sacrée » ? Plus simplement, réaction d’exaspération d’anciens militaires devenus va-t-en guerre écrasés par la succession des mauvaises nouvelles, ramenées à une obsession de l’Alsace-Lorraine, qui pourrait expliquer les précisions de la mise en cause. Cette possible rancune se manifesterait dans l’étrangeté des formules, et d’abord l’énumération des unités « coupables ». D’où viennent les précisions ? Apparemment ni de Joffre, ni du GQG dont un officier présent à la réunion informelle pour la préparation de l’article aurait démenti l’information donnée dans l’article selon M. Mistre (des auteurs ont affirmé l’existence de dissensions entre le ministère et le GQG en matière d’information dès le départ), directement du champ de bataille peut-être. De quoi sont-elles « coupables » ? Cinq termes, expressions ou formules ont été employés dans une gradation peut-être délibérée : « lâché pied » (1), « défaillance » (2), « effets terrifiants de la bataille » (3), « subit affolement » (4), « qualités guerrières » (5). Aux unités mises en cause les 1 et 2 ; aux « troupes de Provence » les 3 et 4 ; aux soldats du Midi le 5. Il n’est pas question de « lâcheté » et les 3-4 atténuent les 1-2.

Pourquoi la mise en cause de quatre unités ? M. Mistre y voit la volonté de faire oublier le rôle des 16e et 20e corps, qui encadraient le 15e, et la manifestation d’un « racisme » latent (G. Liens et R. Schorr s’étaient contentés de parler de « stéréotypes »). Dans un premier cas il s’agit d’une pure conjecture. Pour le second, qui serait la mouture du moment d’un phénomène analysé précédemment, l’auteur l’explique par des données politiques récentes, le vote socialiste en Provence, et les débats autour de la loi de trois ans (il s’attache surtout au côté politique. Or les débats comportaient aussi un volet technique, qui a pu passer pour bien plus révélateur du « mauvais esprit » des Provençaux aux yeux de nombreux gradés : les adversaires de la loi s’étaient prononcés pour une stratégie défensive, à l’opposé de la doctrine qui prévalait depuis un quart de siècle), par les outrances d’un nationalisme exacerbé (on aurait bien aimé connaître la position précise et complète de Maurras). Rien de tout ceci n’est sensible dans le premier article du Matin mais il n’en est pas de même pour le second.

La diffusion de l’article de Gervais, son impact auraient mérité une étude de presse à l’échelle de la France qui aurait peut-être conforté la thèse sous-jacente de ce livre. Elle a été limitée à quelques feuilles parisiennes, à une de Toulouse et une d’Uzès. Que vaut alors l’affirmation de la p. 162 : « La population est profondément choquée par le comportement présumé des soldats provençaux » ? Quant aux témoignages des combattants ils n’ont qu’une valeur documentaire : faute d’une recherche de la position géographique de chacun au moment de l’événement il est impossible d’apprécier la qualité de leurs propos : témoignage visuel, racontar, article de presse ? La remarque vaut pour les pages consacrées à l’écho de l’affaire pendant toute la guerre : où se trouvaient en août 1914 les auteurs des propos rapportés ou quels liens pouvaient-ils avoir avec les combattants du front lorrain ? La réponse, indispensable, est évidemment pour le moins malaisée. Il est donc imprudent de tirer des conclusions définitives.

Le second volet de la démonstration est de portée plus générale puisqu’il s’agit de montrer que le 15e corps n’a pas eu de responsabilité particulière dans l’échec de l’offensive (p. 15 à 87, 215 à 221). L’auteur chiffre les pertes, preuve indirecte de la combativité des soldats incriminés ; avance que l’échec final ne peut leur être imputé : suivant une formule qui lui est chère et qu’il applique à Joffre ou Castelnau : « C’est pas moi, c’est lui » ; rejette tout sur les grands chefs. Mais la démonstration n’a rien de démonstratif. La reconstitution des combats du 20 août (p. 45-55, 6-76, 80-88) n’est minutieuse qu’en apparence : cartographie peu lisible, sans emplacement des unités ; minutage très incomplet. Deux responsabilités sont évoquées, celle de Foch qui commande le 20e corps et qui lance une offensive éphémère, malgré les ordres, dont l’échec entraîne le recul de l’aile gauche du 15e corps (où se trouvent les régiments d’Aix) puis de l’aile droite (régiments d’Antibes, Toulon, Marseille et Digne) ; celle du 172e régiment d’infanterie, qui appartient au 15e corps, mais qui ne vient pas de Provence. Or si l’on suit de près le texte de M. Mistre, il n’est pas possible de reconstituer le déroulement minuté précis des combats et, en particulier de dire si, sur un plan purement technique, descriptif, le premier communiqué de Joffre, qui a joué le rôle de déclencheur, ne résumait pas la situation telle qu’on pouvait la percevoir de l’arrière et alors sans recul. Quant au 173e RI, dont la situation a été particulièrement tragique, on ne voit pas en quoi elle a pu être particulièrement déterminante. La thèse séduisante du complot (« le bouc émissaire », p. 139-148) reste une thèse.

Marcel F.-X. Emmanuelli, Provence historique, n° 241, juillet-septembre 2010, p. 375-378.

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« Selon que vous serez puissants ou misérables »

Les Mées. Maurice Mistre a présenté son livre La Légende noire du 15e corps.

En partenariat avec la librairie L’Arbousier d’Oraison, l’association Liber-thé et la mairie des Mées, Maurice Mistre a présenté son livre La Légende noire du 15e corps. Avec une précision d’historien horloger et une diction métronome, l’auteur après de minutieuses recherches a décrit, cartes à l’appui, témoignages de soldats et déclarations officielles cet épisode très noir de notre histoire qui est loin de valoriser nos anciens chefs d’armée et politiciens qui trônent dans nos livres d’histoire. Pour en situer l’importance, il a cité l’affaire Dreyfus « qui avait coupé la France en deux. Cette histoire est du même niveau sans avoir eu la dimension nationale ».

Le 15e corps d’armée comportait les garnisons du sud est de la France ainsi que la Corse, en somme, c’était des soldats provençaux et ça aura une importance. Maurice Miste a commencé par balayer l’image du soldat de 14, représenté en poilu, vareuse bleu horizon. « Le vrai soldat avait un pantalon et képi rouges, on n’était pas dans les tranchées, mais baïonnette au canon, et le ministre des armées avait dès 1911 établi un plan d’attaque de l’Allemagne par Dieuze en Moselle 12 jours après la mobilisation ».

Les faits

Le 2 août 1914, c’est l’appel à la mobilisation générale, les affiches fleurissent sur les murs des villes et villages. Les soldats conscrits, artilleurs de campagne, hussards et réservistes sont concernés.

Le 10 août soit 2 jours avant ces 12 jours annoncés, sur une désobéissance des chefs de guerre, le 15e attaque Lagarde, et avance dans la plaine. Réplique violente de l’artillerie allemande, encerclement, une tuerie, seuls 80 soldats sur 2000 regagneront leur base.

Au 12e jour nouvel assaut français « sous une pluie de balles adverses, 364 tués et 2 bataillons abîmés ». Les allemands arrivent en force, plan de repli ordonné par Castelnau, contre attaque avortée... 9800 blessés, prisonniers dont 3369 tués authentifiés.

Mensonge des médias et des autorités

La presse annonçait des victoires puis a parlé d’un « incident déplorable... la défaillance du 15e corps a entraîné la retraite sur toute la ligne ». Il s’en est suivi des châtiments militaires, Foch, Clémenceau s’inscrivant dans le mensonge, « un tombereau d’insultes, vexations, refus de soins, exécutions sommaires ».

Les élus locaux ont demandé des explications, le ministre a été « déposé », les avanies sont listés mais les populations locales ne savent rien et se taisent.

Pourquoi tant de haine ? « C’est du racisme ordinaire, l’image du provençal paresseux, des jalousies militaires, une sorte de vengeance de 1907 (révolte des vignerons de l’Hérault), des raisons politiques aussi (forte poussée de la SFIO en 1914) ».

La réhabilitation

La vérité va finir par triompher en 1921 après maints rapports. À Pierrefeu est érigé un monument en leur mémoire, tous les soldats fusillés seront réhabilités, nombre de villes dont Arles, Avignon ont des rues ou avenues « du 15e corps », une pièce de théâtre s’est jouée à partir du livre.

Jean Banner, La Marseillaise du 16 novembre 2009.

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Lou Felibrige

La tragédie du 15e corps : fin août 1914, un article d’un grand journal parisien, commandité par le ministre de la guerre, diffame le 15e corps d’armée formé essentiellement de provençaux. Il sera difficile ensuite de lui faire retrouver son honneur.

Lou Felibrige – la Revisto, N° 255, novembre-décembre 2009

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La légende noire du 15e corps

La légende de la lâcheté des soldats du midi en 1914 prise à bras-le-corps par un ouvrage critique, militant et érudit.

Ce livre narre une des premières désinformations de l’opinion initiée par le gouvernement au début de la guerre et en démonte le mécanisme. Alors que ce dernier est encore seul au courant que toutes les armées françaises, sans exception, des Vosges à Charleroi, ont eu le dessous dans leurs affrontements avec l’armée allemande, sort le 24 août un article de presse dans le journal Le Matin qui, inspiré par le Ministre de la Guerre, donne à l’opinion une première explication des défaites inattendues et inexplicables, de Charleroi à Sarrebourg, encore non médiatisées : la lâcheté des troupes de Provence.

Intitulé « La Vérité sur l’affaire du 21 Août – Le Recul en Lorraine », rédigé ou plutôt signé semble-t-il, par le sénateur Gervais, il va susciter de forts remous dans l’opinion et laisser des traces jusqu’à aujourd’hui.

Maurice Mistre, provençal lui-même, aidé par des passionnés comme lui, livre ici les résultats d’une enquête qui lui a demandé de nombreuses années de recherche. S’appuyant sur un corpus de sources particulièrement étoffé que ce soit les sources officielles, les articles de presse, les archives locales et les témoignages des combattants, cadre et troupe, il éclaire un point d’histoire resté encore jusqu’à aujourd’hui dans le domaine des rumeurs et des jugements non étayés.

(…)

J’ai été frappé par la rigueur historienne qui transparaît dans la richesse des sources réunies, la qualité de leur agencement, de leur critique, preuves que ceux que certains désignent dédaigneusement comme des « amateurs éclairés » sont à même de faire avancer la recherche sur 14-18. Si, comme le dit Antoine Prost « la grande guerre n’appartient à personne, pas même aux historiens » cette dernière a en fait besoin de ces amateurs engagés qui, comme ici, quand ils respectent scrupuleusement les règles de la recherche historique, ouvrent de nouveaux horizons à la compréhension de ce stupéfiant conflit. Il ne faut donc pas jeter le bébé avec l’eau du bain et considérer que les quelques saillies partisanes et coups de sang qui parsèment l’ouvrage ne sont que peu de choses par rapport à l’apport historique qu’offre cette enquête rigoureuse qui interpelle sur la facilité de façonnage de la vérité par les medias en temps de guerre.

En bref je recommande fortement la lecture de cette déconstruction d’une légende en mentionnant que de tels travaux, rigoureux, rencontrent peu d’échos chez les éditeurs installés et que cet ouvrage n’a pu voir le jour que « grâce aux souscripteurs qui par avance en ont soutenu l’édition » comme cela est indiqué en début de livre.

André Bach, CRID 14-18, 12 juin 2009

Lire l’article complet sur le site du CRID 14-18

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Blog « Pensons par nous-mêmes »

Un billet publié le 11 novembre 2008 sur un blog hébergé par le journal Le Monde, intitulé « Storrytelling d’une autre époque » et qui revient en détail sur « l’affaire » du 15e corps.

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Maurice Mistre défend la mémoire des soldats provençaux

Ce Varois a écrit deux livres pour rétablir la vérité sur les soldats du XVe corps.

« Dans la grande histoire, il y a des petites histoires méconnues comme par exemple la révolte de 1851 dans le Var », relève le conseiller départemental de l’Éducation nationale aujourd’hui à la retraite. Maurice Mistre poursuit : « j’avais remarqué que de nombreuses plaques de rue, en Provence, rendait hommage au XVe corps. Des gens m’ont contacté à ce sujet et j’ai fait des recherches, découvrant qu’à la suite de terribles combats en Lorraine à Dieuze, les 19 et 20 août 1914, un article du Matin avait accusé "les troupes de l’aimable Provence d’avoir lâché pied devant l’ennemi". » À l’origine de ce texte, le ministre de la guerre de l’époque, M. Messimy et un sénateur journaliste nommé Gervais.

Intéressé par le sujet, Maurice Mistre a publié en 2004 un ouvrage intitulé Des Républicains diffamés pour l’exemple aux éditions Édimaf. Le livre est aujourd’hui épuisé et son auteur recherche un éditeur pour publier un nouvel ouvrage La Légende noire du XVe corps.

« Trois hypothèses »

« J’ai fait de nouvelles recherches et j’ai déjà trouvé les noms de plus de 4 000 soldats, originaires de la région, tués entre le 2 et le 20 août 1914 », explique Maurice Mistre. Les fantassins du XVe corps appartenant à plusieurs régiments du Sud-Est avaient « l’accent » : Varois, Vauclusiens, Gardois, Alpins, Corse, Bucco-Rhôdaniens, Ardéchois vécurent l’enfer et n’obtinrent comme récompense que le mépris, voire de la suspicion... L’auteur avance « trois hypothèses » afin d’expliquer pourquoi ces hommes ont servi de « boucs émissaires. » « Il y a d’abord eu un sentiment antisudiste depuis Paris qu’on retrouve dans le livre d’un préfet de l’époque, Belleudy. La deuxième hypothèse pourrait venir d’un problème s’étant posé entre le XXe corps, lorrain, et le XVe. Enfin , il faut savoir qu’en 1913 les départements de la 15e Région avaient voté pour l’extrême gauche de l’époque, socialiste. Or Messimy, le ministre [de la guerre], était un radical. De là à traiter la région d’antipatriote... »

Depuis la vérité a pu être établie. On imagine cependant le calvaire, voire les « vexations » – il y eut même des exécutions pour abandon de poste par mutilation volontaire – de soldats blessés physiquement mais aussi dans leur honneur.

Tristan Jauréguy, La Provence du 12 novembre 2006.

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La légende noire du 15e corps de Provence

SABLET

C’est une page d’histoire méconnue que Maurice Mistre a ouverte, vendredi à la chapelle Saint-Nazaire. La tragédie du quinzième corps d’armée, entre le 10 et le 15 août 1914, de jeunes recrues en uniforme garance, venues de Provence, de Corse et du Gard ont été massacrées sur le front lorrain.

4 262 tués, parmi lesquels 3 enfants de Sablet et de Séguret : Charles Plie, 24 ans ; Arthur Allègre, 23 ans et Julien Chave, 22 ans.

Pire encore, une campagne de dénigrement a suivi accusant les Provençaux de lâcheté. Tout cela sur fond d’impéritie d’état major et de clivages politiques, la région ayant élu des députés de gauche et pacifistes autour de Jean Jaurès.

Le conférencier passionné et très documenté a rencontré un public nombreux et réactif. Beaucoup ont apporté le témoignage de leurs pères et grands pères, à l’instar du conférencier dont un grand père et un grand oncle ont vécu cet événement.

L’organisateur de cette rencontre, Thomas Grobon, est passionné par l’histoire de la « grande » Guerre. Il présente jusqu’au 15 novembre une exposition émouvante sur l’état d’esprit de l’époque, et remet à l’honneur les trente-deux enfants du pays morts au combat.

Tout un réseau s’est constitué autour de l’histoire des poilus de Provence et Thomas est tout disposé à partager le fruit de ses recherches.

Pour en savoir plus : le blog de Thomas Grobon sur le 58e RI

Vaucluse Matin du 12 novembre 2006.

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Beaulieu-sur-Mer (06)

Un grand moment de vérité. Les Berlugans le doivent à Henri Calleri. Il a invité le professeur Maurice Mistre-Rimbaud, auteur de l’ouvrage historique « La légende noire du XVe Corps d’Armée », à donner une conférence à l’école maternelle. Henri Calleri, président de la section Beaulieu-Saint-Jean de l’UNC, dont le père fut l’un d’eux : un poilu du XVe Corps dans l’enfer des combats terriblement meurtriers qui ont marqué le début du conflit. Or, le XVe Corps d’Armée qui comprenait tous les régiments de la Provence et de la Corse fut diffamé, humilié, sacrifié. Certains soldats furent même fusillés pour l’exemple ! Le 19 et le 20 août 1914, il perd 9800 hommes dont 3400 Chasseurs Alpins originaires de Nice, Menton, Villefranche ... « II faut se mettre dans le contexte de l’époque, dira d’emblée Maurice Mistre, avec des généraux de l’armée française qui s’imaginaient pouvoir foncer sans encombre jusqu’à Berlin. Or nous sommes en août 1914 et nos soldats se retrouvent dans les mêmes conditions que ceux de Napoléon Premier ! Avec une casquette et un pantalon rouge et la capote bleue pour se faire repérer par l’ennemi... Ils doivent se battre au corps à corps, à la baïonnette. C’est un carnage ! » La faute à qui ? Mais à l’attitude des « midis qui ont lâché pied devant l’ennemi » écrira le journal Le Matin. Commence alors la polémique. Elle durera jusqu’à la réhabilitation du 18 octobre 1919 par la voix du ministre Georges Leygues. Pendant presque deux heures Maurice Mistre a « refait » ces batailles avant de dénoncer les mensonges fabriqués dans le seul but de masquer les incompétences des responsables militaires de l’époque.

Jean-Claude Schambacher, Nice-matin du 26 mai 2006.

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Devoir d’histoire

La cérémonie commémorant la signature de l’armistice se tiendra ce matin à partir de 10h00. L’occasion d’attirer l’attention sur les recherches réalisées par le dracénois Maurice Mistre. Des travaux historiques portant sur « l’honneur perdu » durant l’été 1914 d’un XVe corps d’armée composé de soldats d’origine provençale. Quand la nécessité de la mémoire ne doit pas faire oublier l’impérieux devoir d’histoire.

Ancien enseignant, Maurice Mistre consacre son temps libre à l’étude des phénomènes liés à la retraite du XVe corps d’armée lors de la bataille de Lorraine qui s’est déroulée en août 1914.

Une retraite qui donna l’occasion à certains politiques et média de l’époque de stigmatiser un corps d’armée composé de soldats venus de Provence. Des soldats qui payèrent pourtant un lourd tribut puisque durant la bataille de Dieuze (10 au 20 août 1914) Maurice Mistre à établi que 4009 hommes du XVe corps ont été tués dont 281 varois. Des pertes qui suffisent à illustrer aujourd’hui l’inadéquation entre la doctrine de la guerre de mouvement alors mise en œuvre par le Grand quartier général français et la réalité du système défensif allemand soutenu par de nombreux appuis feux (mitrailleuse, artillerie lourde). Mais à l’époque ce fut la vaillance des soldats qui fut mise en doute. La chose est d’autant moins neutre que trois mois avant la déclaration de la guerre, les élections législatives de mai 1914 étaient remportées par une gauche largement majoritaire en Provence. Pire, le département du Var fut celui où les radicaux pourtant vainqueurs en France, firent moins de 6,5% des exprimés tandis que les socialistes tinrent le haut du pavé.

Symptomatique, aujourd’hui encore les communes de Toulon, Fréjus, Saint Raphaël, Saint Tropez, Hyères, Pierrefeu, Plan de la Tour et Saint Maximin ont des artères à la gloire du XVe corps. Et ne parlons pas des monuments aux morts (notamment Cuers) ou des voies dont la dénomination est en rapport avec ces faits (à Draguignan la rue Labat porte le nom d’un lieutenant mort durant la bataille de Lorraine).

Bref, les phénomènes étudiés par Maurice Mistre rappellent que la réalité historique n’est pas le seul élément à déterminer la représentation que se fait le grand public d’un fait historique. C’est pourquoi nous nous permettons donc de recommander la lecture de son premier livre « Des républicains diffamés pour l’exemple - la légende noire du XVe corps » (éditions EDIMAF) en attendant la parution d’un nouvel ouvrage plus détaillé.

Par son travail, Maurice Mistre démontre surtout que la perception des mécanismes qui conditionnent les représentations accolées à un fait historique, est indispensable à la compréhension d’une période que la mémoire, si elle est indispensable, ne suffit pourtant pas à restituer pleinement. Pour illustrer cette démarche, nous avons fait le choix de publier ci-dessous un texte de Maurice Mistre concernant dracénois « l’épisode des prisonniers sur parole ».

Enfin, pour conclure par un constat en matière d’historiographie locale, nous nous permettrons de remarquer que sorte d’union sacrée semble s’être faite depuis bien longtemps pour ne pas s’attarder sur Georges Clemenceau, comme si la mémoire locale de cet ancien député et sénateur du Var n’avait que des résonances fort peu goûtées par le temps présent... même si la compréhension de la fin du XIXe et du début du XXe siècle est indissociable de ce personnage.

Denis Perrin, La Marseillaise du 11 novembre 2005.

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Conférence : la légende noire du 15e corps réhabilitée

DIEUZE

Une conférence a eu lieu aux Salines Royales pour réhabiliter l’honneur du XVe Corps, constitué de Poilus venus du sud de la France pour combattre en Lorraine durant cette dure guerre de 1914-1918. Leur intervention a donné lieu à une légende noire, née au haut commandement à la recherche de boucs émissaires. Ces soldats ont participé avec bravoure aux batailles qui se sont déroulées à Dieuze et dans les environs en août 1914, subissant de nombreuses pertes dans leurs rangs.

Pourtant la France n’a retenu de cette bataille qu’un sentiment injustifié de couardise envers ses soldats, face à une inéluctable retraite. Après la honte et le désordre qu’une telle réputation engendre, l’honneur des soldats a été réhabilité dès la fin de la guerre, après enquête approfondie des circonstances de cette retraite. Mais le mal était fait.

Maurice Mistre, enseignant à la retraite, s’est attaché à retrouver dans la mémoire collective et dans les archives du passé les preuves de cette injustice, et le fait savoir autour de lui par des conférences et par un livre intitulé Des Républicains diffamés pour exemple. Cet énorme travail lui a permis d’établir une liste de combattants et de victimes, retrouvant même des membres de sa propre famille.

Car c’est avec un charmant accent du sud que le conférencier, originaire de Draguignan, a passionné son auditoire, racontant le fruit de ses recherches, mais lisant également des témoignages et courriers écrits à l’époque, tant du côté allemand que du côté français.

À travers les témoignages donnés, les passionnés de l’Histoire locale présents lors de cette conférence ont retrouvé des échos racontés par leurs parents qui confirmaient les dires. L’occasion de se rendre compte que l’image du XVe Corps, à Dieuze et dans les environs, n’a pas été touchée par les échos médisants.

Républicain lorrain du 15 septembre 2005.

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P.-S.

La collection « un territoire et des hommes » a reçu en 2009 une aide à la publication de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur qui concerne aussi le livre La légende noire du 15e corps publié pour des raisons de calendrier en novembre 2008...

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  • Histoire
  • Mistre, Maurice
  • Première guerre mondiale (1914-1918)
  • Provence
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