Albert Marquand
« Et le temps, à nous, est compté. »
Lettres de guerre (1914-1919)
jeudi 9 avril 2015, par
Collection « Mille mots chuchotés ». La collection est publiée en 2011 avec le soutien de la région Provence-Alpes Côte-d’Azur.
Présentation de Francis Barbe ; postface du général André Bach, ancien directeur du Service historique de l’Armée de terre.
416 pages, 165 x 230 mm, illustrations en noir et blanc, index des noms, lexique des mots et expressions argotiques employés par Albert Marquand et orientation bibliographique.
ISBN 9782918235026, 28 €
Vous pouvez lire ici, sur le blog des éditions C’est-à-dire, des lettres d’Albert Marquand extraites de son ouvrage.
Dans ses lettres, réunies et présentées par Francis Barbe, le jeune ardéchois Albert Marquand confie à sa famille ses difficultés quotidiennes. Il nous aide à comprendre comment des millions de soldats ont pu résister durant quatre ans à l’enfer de la guerre.
Lettres de guerre d’un jeune soldat
« Et le temps, en ce moment, à nous est compté ». C’est ce qu’écrit le sergent du 55e RI Marius Guilhon à sa famille à Saint-Jean-le-Centenier, le 28 juin 1915. Deux jours après il trouve la mort dans le bois de la Gruerie. À ses côtés, Albert Marquand, originaire d’Aubenas en Ardèche et caporal dans le même régiment, est blessé. Au front depuis une dizaine de jours, le jeune homme de 19 ans comprend au cours de ce baptême du feu toute l’horreur de cette guerre, et la fragilité de la vie humaine dans cet enfer de feu et de fer.
Depuis la mobilisation en août 1914 jusqu’à son retour à la vie civile en 1919, Albert Marquand entretient avec sa famille une importante correspondance. Parti comme beaucoup confiant et patriote, il déchante en découvrant la réalité de la vie au front. Comptant deux années et demie au front, il ne manie pas la langue de bois pour dire son quotidien à ses proches qui, à l’arrière, n’en soupçonne pas les difficultés. Comme il l’écrit, « une fois dans l’engrenage, on est bien pris ». Dans la tranchée, la mort, imprévisible, guette…
Avec des mots pleins de force, il dit sa peur, sa volonté d’échapper à la tourmente, et apporte ainsi un témoignage sincère et de premier ordre sur la Grande Guerre.
Sommaire
Avant-propos de Francis Barbe
Présentation
1. L’appel et le départ au front (décembre 1914-mai 1915)
2. Au front avec le 55e RI. La réalité de la guerre (mai 1915-décembre 1916)
3. Au 149e régiment d’infanterie (1917-1918)
4. L’occupation à Mayence (janvier-septembre 1919)
Annexes
1. États des 1e, 2e, 3e, 4e, 5e, 9e, 10, 15e, 16e escouades de la 10e compagnie du 3e bataillon du 149e RI 2. Récit de la bataille d’Ablancourt par le lieutenant-colonel Pineau 3. Récit de la bataille de La Malmaison par Albert Marquand 4. Hymne à la gloire du 15e corps 5. Texte de la chanson Le Réveil des Aigles 6. Hymne à là gloire du 149e RI, Mon Drapeau passe 7. Poème Les Heures des tranchées Extraits du journal des marches et opérations des 55e RI et 149e RI. Index des noms de lieux et de personnes. Lexique des termes argotiques. Bibliographie Chronologie
Postface du général André Bach, ancien chef du Service historique de l’Armée de terre.
Et le temps, à nous, est compté...
Sommaire du dossier de presse
Recension de Rémy Cazals pour la rubrique « Témoignages 1914-1918 » sur le site du CRID 14/18 en avril 2011
Article de Jennifer Franco Midi Libre du 10 avril 2011
Entretien avec Francis Barbe par Jennifer Franco Midi Libre du 9 avril 2011
Article de Évelyne de Martinis, Haute-Provence Info du vendredi 8 avril 2011
Présentation par Xavier Monferran sur France Bleu Drôme Ardèche le 18 mars 2011
Article de Gérard Prat Dauphiné Libéré du 14 mars 2011
Vous pouvez lire la postface du général André Bach sur le site du CRID 14/18
Article de Jennifer Franco Midi Libre du 11 novembre 2010
Article de Gérard Prat Dauphiné Libéré du 8 novembre 2010
Le témoignage
Il est publié sous le titre « Et le temps, à nous, est compté », Lettres de guerre (1914-1919), présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach, aux éditions C’est-à-dire, Forcalquier, 2011, 416 p., nombreuses notes, annexes, illustrations. Le fonds, conservé par la nièce d’Albert Marquand, est constitué de 459 lettres, de quelques rares pages de carnet personnel, du récit de la bataille de la Malmaison, repris au repos, et de photos. Les lettres sont adressées à différentes personnes de la famille, son père, sa mère et ses deux frères, l’auteur sachant bien qu’il en serait fait une lecture collective. Il lui fallait donc tenir compte des sentiments conformistes des parents. Albert Marquand évoque le désir de son père de le voir gagner du galon (p. 31), et il promet « de faire honneur à la famille » (p. 49). Mais l’expérience de la guerre réelle le conduit d’une part à pratiquer une stratégie d’évitement systématique, d’autre part à ne pas accepter les remarques moralisatrices sur le désir des soldats en permission de « profiter du restant qui nous reste à vivre » (p. 153). Accusé littéralement de mener « une vie d’orgie », Albert répond à son père que celui-ci n’a pas l’expérience de l’enfer des tranchées et ne peut donc parler en connaissance de cause. Les quelques moments d’incompréhension et d’opposition n’interrompent cependant pas une correspondance suivie et les sentiments d’affection au sein de la famille, marqués aussi par l’envoi de nombreux colis.
Extrait du compte-rendu dans la rubrique « Témoignages de 1914-1918 » publié par Rémy Cazals le 28 avril 2011 sur le site du CRID 14/18. Pour lire la suite, cliquez ici.
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Le poignant récit d’un Poilu. Une correspondance de 97 ans au lendemain de la guerre.
« Mes biens chers, il m’empresse de vous remercier. Tout d’abord pour les cigares qui m’ont fait énormément plaisir d’autant plus qu’ici il est impossible d’en trouver… »
Du jour de sa mobilisation, en août 1914 jusqu’à son retour à la vie civile, en septembre 1919, le jeune Albert Marquand décrit les affres d’un des conflits les plus meurtriers de l’Histoire – la Première Guerre mondiale – avec un réalisme à couper le souffle. Cette incroyable correspondance est immortalisée dans le livre de Francis Barbe (lire Midi Libre du 9 avril 2011), Et le temps, à nous, est compté.
Renée Miocque a accepté de nous ouvrir les portes du jardin longtemps tenu secret de son oncle.
Elles sont soigneusement rangées dans une boîte. Remarquable. Chacun des 460 écrits de son oncle a été classé par date par sa grand-mère. Chaque petit paquet a été ficelé avec un ruban de couleur différent par la mère d’Albert. 97 ans ont passé et l’ensemble de sa correspondance n’a point vieilli. Intact comme au premier jour.
« Les récits qui suivent ne constituent pas le fruit d’une “imagination maladive”. Ce sont des scènes vécues : heures tragiques que j’ai tenu à fixer sur le papier afin de ne pas oublier une dette que les Allemands n’acquitteront jamais. Je veux parler de nos souffrances. En relisant ses lignes, mon cœur enverra un souvenir ému à ceux de mes camarades tombés dans le “no man’s land” au cours de la journée du 25 octobre 1917. »
Émotions
« J’avais 7 ans quand Albert est mort... À travers ces lettres, j’ai découvert des choses sur ma famille et sur Albert. J’ai été très émue. Il était très mûr et s’il est parti avec beaucoup d’entrain, au fur et à mesure de ses écrits, on prend toute la mesure des souffrances », raconte Renée Miocque. C’est au décès de sa grand-mère que la nièce d’Albert Marquand découvre le témoignage de son oncle précieusement conservé. Parmi les souvenirs, un petit carnet dans lequel sont inscrits les heures des trains pour partir en permission, le nom de ses amis, de ceux morts pour la patrie…
La famille Marquand est d’ailleurs très implantée à Aubenas, où pendant un siècle elle a tenu la librairie sur le boulevard Gambetta. Renée Miocque fut la dernière propriétaire de la lignée Marquand. Mais la librairie existe toujours et a conservé le nom Marquand.
Jennifer Franco, Le Midi Libre du dimanche 10 avril 2011
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Le temps, à lui, était compté
Livre
Francis Barbe a retracé l’extraordinaire correspondance d’un Poilu ardéchois de 19 ans.
Jennifer Franco : Francis Barbe, vous venez de sortir un bouquin dans lequel on découvre les lettres qu’Albert Marquand écrivait à ses proches depuis les tranchées de l’horreur. Pouvez-vous les présenter ?
Francis Barbe : Je suis un vieux Monsieur né dans l’Ardèche avant la guerre et venu à Bagnols en 1960, comme beaucoup de néo-Bagnolais. Après des études d’électrotechnicien, j’ai participé au démarrage du réacteur G3 à Marcoule. Je suis désormais installé à Goudargues.
J. F. : Vous êtes féru d’Histoire, notamment passionné par la Première Guerre mondiale…
F. B. : J’ai toujours aimé l’Histoire de France car elle donne un aperçu des diverses vies en société de notre pays, des courants de pensée et des convulsions politiques en résultant qui ont émaillé le pays pendant des siècles. Souvent, la France a connu, à des années de distance, les mêmes événements et les dirigeants commirent les mêmes erreurs pour n’avoir pas regardé leur passé. Pour faire bref, je ne prendrai que l’exemple de l’Algérie. Il y eut une Algérie avant la lettre, en 1802, à Saint-Domingue où Napoléon perdit 30 000 soldats, les héros de la campagne d’Italie, qui lui firent défaut par la suite, que l’on connaît. Et puis, écolier, je lisais beaucoup et principalement des livres d’histoire. Peut-être ai-je raté ma vocation ?
J. F. : Qu’est ce qui vous a séduit dans l’histoire de ce jeune Poilu de 19 ans, Albert Marquand ?
F. B. : Ce qui m’a frappé à la première lecture de ce témoignage, c’est le fait que ce jeune Poilu avait envie de tenir au courant sa famille laïque de TOUS les événements de guerre, fussent-ils douloureux ou macabres, sans être freine par la censure ou par d’autres considérations. J’ai de nombreux autres témoignages de catholiques ou protestants ardéchois où la réserve est de mise. Un courrier de protestant dans mes archives fait référence en permanence à Dieu. « C’est Dieu qui a voulu la guerre, et c’est Dieu qui l’arrêtera. » Évidemment, le soldat ne pouvait parler des horreurs car elles auraient été attribuées à Dieu. Ces soldats, réservés dans leur propos, disaient qu’ils raconteraient la guerre après la paix. Malheureusement, beaucoup ne seront plus là pour le faire et leur famille pas encline à les écouter après la guerre.
J. F. : Ce qui est frappant, c’est le réalisme avec lequel il décrit l’enfer du front…
F. B. : La culture d’Albert Marquand, due à la qualité de sa scolarité à l’EPS d’Aubenas, école qui préparait après deux années supplémentaires aux grandes écoles (Centrale, etc.), lui permet d’écrire dans un français digne d’un romancier et ses descriptions, en 1918, sont superbes.
J. F. : Une correspondance de plus de 400 lettres d’époque, intactes et conservées dans leur état d’origine, c’est extraordinaire non ?
F. B. : Quand j’ai eu fini de prendre connaissance de ces 460 lettres en 2005, j’ai eu la conviction d’avoir lu un témoignage d’une qualité exceptionnelle, et j’ai dit à la propriétaire des lettres, la nièce de l’auteur, d’en faire un livre. Elle m’a répondu : « Faites-le vous-même ! » Alors que je ne m’étais même pas mis à l’informatique et que je publiais des articles dans des revues de la Drôme, je me suis lancé dans cette aventure de quatre années. Et ce qui me console de cette décision un peu folle, c’est le fait que le général Bach, spécialiste reconnu de la Grande Guerre et ancien directeur des archives militaires de Vincennes, auteur de la postface du bouquin, tienne ce témoignage pour un des meilleurs publiés depuis 100 ans.
Propos recueillis par Jennifer Franco, Le Midi Libre du samedi 9 avril 2011
L’histoire
Et le temps, à nous, est compté vient de paraître aux éditions C’est-à-dire. « Et le temps, à nous, est compté ». C’est ce qu’écrit le sergent du 55e RI (régiment d’infanterie) Marius Guilhon à sa famille à Saint-Jean-le-Centenier, le 28 juin 1915. Deux jours après, il trouve la mort dans le bois de la Gruerie. À ses côtés Albert Marquand, originaire d’Aubenas, en Ardèche, et caporal dans le même régiment, est blessé. Au front depuis une dizaine de jours, le jeune homme de 19 ans comprend au cours de ce baptême du feu toute l’horreur de cette guerre, et la fragilité de la vie humaine dans cet enfer de feu et de fer. Depuis sa mobilisation en août 1914 jusqu’à son retour à la vie civile en 1919, Albert Marquand entretient avec sa famille une importante correspondance. Parti comme beaucoup confiant et patriote, il déchante en découvrant la réalité de la vie au front. Comptant deux années et demie au front, il ne manie pas la langue de bois pour dire son quotidien à ses proches qui, à l’arrière n’en soupçonnent pas les difficultés. Comme il l’écrit, « une fois dans l’engrenage, on est bien pris ». Dans la tranchée, la mort, imprévisible, guette… Avec des mots plein de force, il dit sa peur, sa volonté d’échapper à la tourmente, et apporte ainsi un témoignage sincère et de premier ordre sur la Grande Guerre.
Dédicace
Ce matin [samedi 9 avril 2011] à Bagnols
Francis Barbe est invité ce matin, de 10 h à 12 h à la librairie Occitane, place Mallet, à Bagnols, pour une séance de dédicace du bouquin.
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Demain [dimanche 10 avril 2011]
Rencontre. Lettres d’un Poilu
Renée Miocque, nièce d’Albert Marquand, toujours installée à Aubenas, a accepté de dévoiler à notre rédaction bagnolaise ce trésor du passé, vieux de 97 ans, dont elle a hérité et pris connaissance à la mort de sa grand-mère.
Un projet d’écriture sur la Résistance « J’avoue avoir attrapé le virus de l’écriture, et à mon âge, je crois que le titre du livre peut m’être appliqué : “Et le temps, à moi, est compté” », lance Francis Barbe, lorsqu’on le questionne sur ses futurs projets. Le Goudarguais a d’ailleurs entrepris la rédaction d’un roman historique sur la Résistance de 42 à 45, « qui aura des prolongements après-guerre. Tous les faits y seront rigoureusement exacts et des documents d’archives accompagneront le texte. Ce roman sera fait en mémoire de ces Résistants dont on tend de plus en plus à en ignorer l’histoire. Certains d’entre eux sont restés complètement anonymes. Le premier volet racontera le parcours d’une épouse qui mettra 20 ans pour obtenir la carte de Résistant pour son mari, pris le matin, malmené tout le jour et fusillé le soir. »
- Midi Libre - entretien avec Francis Barbe par Jennifer Franco - Avril 2011
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À lire : un homme dans le chaos de la Grande Guerre.
C’est un recueil des lettres de guerre d’Albert Marquand, écrites du front à ses proches. L’intérêt de cet ouvrage est de trouver un juste équilibre : il combine le témoignage individuel, très émouvant, avec la perspective historique. En effet, l’Histoire s’incarne ici dans un homme, avec ses sentiments, ses faiblesses, ses peurs, ses révoltes, ses moments de grandeur : sa fierté d’être cité à l’ordre de la division (lettre du 30 octobre 1917), mais aussi dans un style télégraphique qui dit l’urgence, il raconte les souffrances endurées (par exemple dans la carte-lettre du 6 avril 1916).
D’autres lettres amorcent une réflexion politique voire philosophique, comme celle du 11 juin 1918, où il expose son « point de vue sur la paix ». Il est aussi très observateur et rapporte beaucoup de détails « qui font le bonheur de l’historien militaire », mais aussi du lecteur non-spécialiste.
L’appareil critique très complet que Francis Barbe a constitué permet de replacer tous les propos dans leur contexte exact et d’en comprendre la portée. Enfin, la postface du général André Bach met en lumière comment « par cette approche approfondie de la singularité d’un individu, on peut arriver paradoxalement à en tirer des pistes de réflexion à valeur générale ».
Et le temps, à nous, est compté. Lettres de guerre d’Albert Marquand (1914-1919), C’est-à-dire éditions, 28 euros.
Évelyne de Martinis, Haute-Provence Info, rubrique Le Mag du vendredi 8 avril 2011, p. 30.
- Haute Provence info - Évelyne de Martinis - Avril 2011
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Un Ardéchois se penche sur la Grande Guerre
Portrait
Francis Barbe et l’histoire des Poilus
Francis Barbe est Ardéchois et il aime les vieux papiers. Jusque-là, rien d’extraordinaire. Les premiers vieux papiers qu’il a eu en mains étaient des papiers de famille, en 1979.
Pour écrire l’histoire de sa famille, il a dû étudier l’histoire locale, Saint-Jean-le-Centenier, et l’histoire de France.
Pour cela, il a consulté les archives départementales de l’Ardèche et du Gard, celles de l’armée à Vincennes et celles de l’Outre-Mer à Aix-en-Provence.
Les informations amassées lui ont permis d’écrire plusieurs biographies et l’histoire de sa famille, qui ont été publiées dans la Revue des Enfants et Amis de Villeneuve-de-Berg.
Francis Barbe s’est particulièrement intéressé à un grand-père qui a fait la guerre dans les chasseurs alpins, le 46e BCP (bataillon de chasseurs à pied). Ce bataillon était composé pour moitié d’Ardéchois et moitié de Gardois. Il en était de même pour le 55e RI (régiment d’infanterie) basé à Ponts-Saint-Esprit.
Il cherche la matière qui servira à écrire un numéro spécial de Mémoire d’Ardèche et Temps présent, et éventuellement un livre. Que recherche-t-il ? Voyons un exemple. Francis Barbe rapporte à une Albenassienne les documents qu’elle lui avait confiés. Le contact avait été établi par le journal de la Saga (Société des amis de la généalogie ardéchoise). Renée Mioque lui avait confié deux boîtes à chaussures pleines de vieux papiers. Francis Barbe a recensé 400 lettres envoyées par Albert Marquand à ses parents, un carnet de route d’un épisode de la bataille de Verdun, un journal de la bataille de La Malmaison en octobre 1917, des cartes et des relevés.
Une documentation exceptionnelle. Il y a peut-être chez vous, au grenier ou dans une armoire, des lettres, des cartes postales, des documents (livret militaire par exemple), des cartes d’état-major. C’est avec ces documents-là qu’on écrit l’Histoire avec un grand H. Confiez-les à Francis Barbe. Il en fera bon usage.
Pour en savoir plus : Francis Barbe, 7 chemin des Combes, 30630 Goudargues
Gérard Prat, Le Dauphiné Libéré du 8 novembre 2010
- Dauphiné Libéré - Gérard Prat - Novembre 2010
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Le poignant récit de Marquand, Poilu des tranchées
CONTEXTE
L’Ardéchois Albert Marquand n’est encore qu’un gosse lorsqu’il s’en va combattre dans les tranchées de l’horreur. Appelé à 19 ans, en août 1914, ce Poilu de la Grande Guerre, va, depuis le front, entretenir une importante correspondance avec sa famille, dans laquelle il dépeint les atrocités de ce qui fut l’un des conflits le plus meurtrier de l’histoire.
Érudit d’Histoire et plus particulièrement de 14-18, Francis Barbe, un retraité installé à Goudargues, a décidé de rendre hommage à ce soldat d’Aubenas, en présentant dans un livre les lettres de guerre d’Albert Marquand : Et le temps, à nous, est compté, dont la publication est prévue en janvier 2011.
14 décembre 1916.
« Tu sais, ici, c’est bien saumâtre, surtout par rapport au temps, car il pleut continuellement et il fait assez froid. Si tu voyais la ’patouille’ qu’il y a partout, c’est ’Kolossal’. Nous montons aux tranchées en première ligne cette nuit. Espérons qu’on aura de la chance et qu’on écopera pas trop. D’après ce que nous racontent ceux qui redescendent, il y a beaucoup d’évacués pour pieds gelés, bronchites, pleurésies, car lorsqu’il faut rester six jours et six nuits entières avec de la boue jusqu’au ventre, à recevoir les 210 sur la gueule, c’est indésirable. On ne s’en fait tout de même pas trop avant de monter. À quoi cela servirait-il ? Tu dois d’ailleurs savoir que depuis hier... j’ai 21ans. Donc officiellement parlant... je suis un homme ! »
« Ce qui est frappant dans ses lettres, c’est qu’il ne pratique pas la langue de bois, explique Francis Barbe. Il a une relation affective avec sa famille et raconte ce qui se passe, son quotidien à ses proches qui, à l’arrière, n’en soupçonnent pas les difficultés. » Après être parti comme beaucoup, confiant et patriote, Albert Marquand a, en effet, peu à peu déchanté en découvrant la réalité au front.
Retour sur une vie peu ordinaire.
Il est né en 1885 dans l’Aube. Il est âgé de 3 ans lorsque ses parents viennent s’installer dans l’Ardèche, à Aubenas, où ils ouvrent une librairie sur le cours Gambetta. Durant presque un siècle, la boutique restera dans cette famille. Elle porte d’ailleurs toujours le nom des Marquand. Après de bonnes études, le jeune Albert intègre naturellement l’entreprise familiale. Jusqu’à ce jour de décembre 1914 où il est mobilisé pour défendre sa patrie. « Il va mener plusieurs combats difficiles, va sillonner tout le front », raconte l’auteur de Et le temps, à nous, est compté.
Incorporé au 55e régiment d’infanterie (RI) de Pont-Saint-Esprit qui vient de perdre 500 de ses hommes au combat du 20 juin près de Vienne-le-Château (Marne en Champagne-Ardenne), le caporal Marquand va à son tour connaître l’effroi des tranchées pendant une semaine. Il n’en sort pas indemne. Blessé à quatre reprises, dont un éclat reçu dans l’œil, il est transféré à l’hôpital militaire de Chaumont (Haute-Marne).
Au même moment, dans la compagnie voisine, le sergent Marius Guilhon est tué. Deux jours auparavant, il écrivait à sa famille : « Et le temps à nous, maintenant, est compté. » Rétabli, Marquand rejoint son régiment en Champagne. « Dans les pires conditions sanitaires, un mois sans pouvoir se laver, il est frappé par une maladie intestinale, livre encore Francis Barbe. Il est rapatrié au dépôt du 55e RI à Pont-Saint-Esprit et se rapproche donc des siens. »
L’espoir renaît. Celui de ne plus entendre siffler les balles. Illusion. Il repart au front. Au début de l’année 1916, Albert Marquant est envoyé dans un régiment de l’Est, « à la discipline très dure. » Durant deux ans, il va subir les affres de la guerre à Verdun, au fort de Vaux, dans la Somme, au chemin des Dames. Des épisodes qu’ils racontent dans ses écrits. En mars 1918, il réussit à devenir opérateur radio. « Il ne connaîtra plus la dangerosité du front. Et c’est dans cette fonction qu’il verra l’armistice, annoncé par les divers messages qu’il transmet. »
Ce matin [1], comme tous les 11-Novembre, les gardiens de la mémoire vont s’incliner devant les monuments aux morts pour honorer les frères d’armes tombés au combat. Ultime honneur à la mémoire des glorieux Poilus de 14-18.
Jennifer Franco, Midi Libre du 11 novembre 2010
Légendes des photographies.
« 6 jours, 6 nuits avec de la boue jusqu’au ventre, à recevoir les 210 sur la gueule, c’est indésirable ».
Albert Marquand (à gauche) aux côtés de deux camarades. À droite, il est de retour 17ans après, jour pour jour, dans le bois de la Gruerie où il fut blessé.
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Témoignage d’Albert Marquand
Parmi les nombreux facteurs socio-culturels ayant une influence sur le comportement des combattants, un des plus clivants est celui constitué par l’âge. L’armée française a mobilisé les hommes valides de 20 à 45 ans : recrues en cours de service, réservistes, territoriaux et réserve de l’armée territoriale. On ne voit pas la vie et la guerre qui se déroule de la même manière à 20 ans, 30 ou 40. Albert Marquand est un de ces jeunes hommes de la classe 1915 qui, à l’effectif de 279 000, a été incorporée en décembre 1914 et a laissé sur le champ de bataille 77 000 de ses membres, soit le deuxième taux le plus fort après celui de la classe 1914.
(…)
Albert Marquand, bien doué physiquement et intellectuellement, nous donne un exemple de parcours évolutif au sein du conflit. Curieux de voir la guerre et de s’y bien comporter, prêt, pour faire plaisir à ses parents à gagner du galon pour leur faire honneur, il marche au feu avec détermination, comme il l’indique à son père à la veille de rejoindre les tranchées : « Tu peux être sûr qu’en toutes circonstances ton fils fera son devoir ». Nommé sous-officier et décoré de la croix de guerre sur le terrain, il ne s’est néanmoins jamais remis de son premier combat dans l’Argonne, où son unité a été submergée par l’ennemi en juillet 1915. Dès lors, il accomplira son devoir tout en cherchant toutes les occasions légales où à la limite de la légalité pour esquiver les aléa de la confrontation armée. C’est ainsi que ce sous-officier, bien noté et apprécié de ses chefs, ses pairs et ses subordonnés, va en 1918 décider l’abandon de son grade et retourner 2° classe pour devenir opérateur TSF en prévenant ses parents qu’il tient là sa chance de survie à la guerre. Choqué par les cris de victoire entendus à l’arrière le 11 novembre 1918, il écrit à ses parents le 12, sur un ton un tantinet agressif : « En ce qui me concerne, je considère une chose : c’est que je suis arrivé à traverser la tourmente, les membres à peu près intacts. C’est une affaire pour moi, savez-vous ! »
Ce témoignage constitué de la retranscription des lettres d’Albert Marquand à ses parents et à ses jeunes frères, de son carnet de route tenu sur une courte période et d’un impressionnant compte-rendu de qu’il a vu, fait et ressenti pendant la bataille de la Malmaison d’octobre 1917, est une invite à cesser de surinterpréter avec nos yeux d’aujourd’hui le comportement d’alors et de sortir du faux dilemme mono-descriptif : des soldats soit consentants soit contraints. La réalité comme le montre la lecture de ce passionnant témoignage ne se laisse pas aussi facilement être érigée en théorie. L’historien doit se montrer bien plus humble dans son approche de la mentalité des combattants.
Extrait de la postface du général André Bach. Vous pouvez lire sur le site du CRID 14/18 l’intégralité de cette présentation.
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Quand le temps, à eux, n’est pas compté
Vient de paraître
Vendredi après-midi (11 mars 2011), les éditeurs du livre Et le temps, à nous, est compté sont venus à Aubenas pour remettre leurs ouvrages à ceux qui lui ont permis d’être publié.
Le livre est superbe : format généreux, papier à fort grammage, caractères agréables à lire. Il s’agit des lettres écrites par Albert Marquand à ses parents installés à Aubenas. Elles sont nombreuses, 391 écrites jusqu’à l’Armistice (11 novembre 1918), 68 avant d’être démobilisé (vraisemblablement le 14 septembre 1919). Le corps principal du livre, 342 pages, est constitué par les lettres et par 483 notes marginales rédigées par Francis Barbe pour compléter, expliquer, corriger parfois le texte des lettres. Francis Barbe a distingué quatre périodes séparées par des changements de lieu ou de fonction. Les lettres sont précédées d’une introduction de quinze pages (et dix notes marginales) écrite par Francis Barbe pour présenter Aubenas et la famille Marquand. La partie principale est suivie de huit annexes qui complètent les lettres. Enfin, une postface montre que les lettres d’Albert Marquand sont « un témoignage précieux pour mieux comprendre le comportement des soldats de la Grande Guerre ». Ce certificat de qualité est attribué par le général André Bach, ancien chef du service historique de l’Armée de Terre. Un livre superbe et indispensable à qui voudra comprendre la Grande Guerre.
Si ce livre a pu être publié, c’est parce que des gens y ont cru. Ils sont là. Peu nombreux au départ : un historien, Francis Barbe, et une ancienne librairie, Renée Mioque née Marquand. Elle possède deux boîtes à chaussures pleines de lettres et de vieux papiers laissés par son oncle Albert. Elle les confie à Francis Barbe. S’y rajoute la famille Guilhon, de Saint-Jean-le-Centenier, qui fait de même pour le courrier de l’oncle Marius, qui meurt deux jours après avoir écrit : « Et le temps, à nous, est compté. » Ensuite les souscripteurs, individuels et collectifs comme la ville d’Aubenas. Enfin, la Région PACA soutient la collection « Mille mots chuchotés ».
Il ne faut pas oublier la maison d’édition C’est-à-dire éditions, de Forcalquier, et en particulier Emmanuel Jeantet qui a travaillé en liaison étroite avec Francis Barbe. Tous ces gens venus les mains vides sont repartis avec un ouvrage qui leur donnera des heures de lecture et des années de consultations car le temps, à eux, n’est pas compté.
Pour en savoir plus : Albert Marquand, « Et le temps, à nous, est compté. » Lettres de guerre (1914-1919) . Format 16,5 x 23, 416 pages, 28 euros. Une dédicace aura lieu samedi 2 avril de 10 à 12 h à la librairie Marquand
Gérard Prat, Le Dauphiné Libéré du 14 mars 2011
- Dauphiné Libéré - Gérard Prat - Mars 2011
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La première guerre mondiale vue par un jeune ardéchois
Et le temps, a nous est compté : c’est le titre d’un receuil de 460 lettres qu’avait envoyé l’albenassien Albert Marquand a sa famille pendant la première guerre mondiale. Le jeune sergent Marquand raconte avec ses mots, l’horreur de la guerre...
Xavier Monferran, France Bleu Drôme Ardèche, le 18 mars 2011
Écoutez ici la présentation avec Francis Barbe, Renée Mioque, Emmanuel Jeantet...
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Voir en ligne : http://cestadire.editions.free.fr/s...
Documents joints
- Document (PDF – 424 ko)
Notes
[1] À Bagnols, le défilé partira à 11h de la place Mallet pour rejoindre d’abord le monument aux morts place Jean-Jaurès, puis le square André-Thome pour un autre dépôt de gerbes.