Irène Magnaudeix
Comment faire parler les petits papiers ?
Sisteron au temps de la peste (5)
lundi 8 mars 2010
Où l’on revient sur le dépouillement de la boîte CC 537 et de ces « petits papiers pliés » qu’il ne faut point brusquer...
Dans cette boîte des archives communales de Sisteron, nommée « CC 537 », dorment, bien enliassés par année comptable, des centaines de petits papiers pliés. Il arrive aussi parfois qu’on les trouve enfermés dans de petits sacs de toile brute, soigneusement étiquetés, comme on peut le voir pour le compte de 1722. Cette étiquette a été soigneusement calligraphiée, on y a indiqué l’année à laquelle il se rapporte puis les noms des trésoriers de cette année-là et on a cousu le tout sur le sac avant de le ranger avec ses prédécesseurs. Mais souvent, la toile s’est éraillée et le sac a disparu.
Ces liasses contiennent des « parcelles », c’est-à-dire les factures, remises à la communauté par les personnes qui ont œuvré pour cette dernière, ce sont les pièces à l’appui des comptes de la communauté. « CC 537 » contient celles des années 1715 à 1723. Les plus anciennes que l’on trouve dans les archives communales de Sisteron sont de l’année 1537.
Les trésoriers, on l’a vu, gèrent scrupuleusement les recettes et les dépenses de la ville, ils rendent donc leur compte en fin d’exercice et présentent ces factures. J’aime à penser que la locution « vider son sac » vient de là puisqu’elle signifie présenter ses arguments, dire ce que l’on a à dire, « faire son compte » comme l’on disait encore au 20e siècle.
Quoi qu’il en soit, ces petits papiers (que l’on doit déplier avec soin car leur matière ancienne, souvent cornée et parfois cassante, ne doit pas être abîmée ni déchirée) constituent autant de trésors pour l’historienne que je suis. Ils recèlent en effet les détails de chaque opération, de chaque travail, de chaque achat menés pour la communauté, et je savoure le temps que je passe à les ouvrir. C’est grâce à eux que je peux faire le compte des clous, serrures et autres pièces métalliques utilisés pour réparer les portes de la ville lors du « grand tremblement » décrit plus haut.
Si vous souhaitez maintenant lire le livre qui est sorti de ces petits papiers dépouillés par Irène Magnaudeix, c’est ici !.